La ville aux deux châteaux

Au dessus du prieuré s’élève une motte féodale où est bâti une petite tour de bois qui constitue un poste de guet depuis l’époque gallo-romaine. De retour des croisades en 1159, Renaud, seigneur de Saint Valery reçoit de Jean de Beaudouin III, roi de Jérusalem et comte de Boulogne le privilège de doter son fief de solides défenses. Ainsi on remplace la motte féodale par un château en pierres blanches, appelé « château de l’abbaye ».

Vingt ans plus tard, le seigneur d’Airaines reçoit le même privilège. Ainsi se dresse une nouvelle forteresse à quelques mètres de la précédente. En 1214, Raoul d’Airaines aux cotés de Philippe Auguste roi de France et nouveau suzerain de l’Amiénois, contribue à la victoire de Bouvines qui consacre la suprématie des Français sur l’Europe coalisée.

Airaines, frontière entre le Ponthieu, fief anglais, et la France

En 1278, le château de l’abbaye passe par alliance au roi d’Angleterre Edouard Ier, comte de Ponthieu. Il devient alors le siège d’une sénéchaussée du comté en limite de l’Amiénois.

En août 1346, alors que la guerre de 100 ans désole l’Amiénois, Edouard III fuit l’armée française qui le poursuit. Il incendie Sélincourt, Poix et de nombreux villages. Airaines se déclare ville ouverte mais les Anglais qui s’y reposent sont talonnés par l’armée de Philippe VI. Ne pouvant franchir la Somme, Edouard III se dirige vers la mer. Oisemont est brûlé, puis c’est le gué de Blanquetaque et la victoire anglaise inespérée de Crécy où meurt Jean de Croy, seigneur d’Airaines.

En octobre 1415, l’histoire se répète. Henry V roi d’Angleterre revendique le Ponthieu redevenu français depuis 1369. Il tente de traverser la Somme, mais repoussé par l’armée il se réfugie à Airaines et parvient à s’enfuir dans le Doullennais et l’Artois. Les Français le rejoignent à Azincourt mais sont défaits. Prise et reprise la ville souffre beaucoup de ces conflits opposant les Français fidèles au roi, et ceux ralliés au duc de Bourgogne, allié des Anglais.

Le château des Sires est détruit par Jean de Luxembourg en 1422 et en 1472 Charles le Téméraire rase la ville et le château de l’Abbaye. En 1477 Airaines devient définitivement française.

Le temps du textile (16ème et 17ème siècle)

Après le passage de la Ligue en 1589 qui démantèle le château des sires d’Airaines et les multiples péripéties de celui-ci, le textile se développe dans l’Amiénois et Airaines prospère. On reconstruit alors le château des seigneurs d’Airaines (1620) et l’échevinage édifie le long de la route d’Amiens l’église Saint-Denis.

L’aventure industrielle (1860-1940)

Ce sont tout d’abord les moulins, véritables usines du temps jadis qui traduisent l’industrie à Airaines. Ils sont au nombre de 17 à Airaines.
En 1860, 2 savonneries prospèrent grâce à l’huile issue de ces moulins.
A cette époque 200 commerces animent la ville.
En 1890, on assiste à la mécanisation du tissage. Les ateliers d’Airaines deviennent des maisons florissantes qui travaillent la broderie, le velours et le jute.
En 1895 est créée au moulin Galland, la 1ère usine électrique du secteur. Puis c’est l’arrivée du chemin de fer, de l’électricité dans toutes les maisons, qui permettent à la croissance urbaine de se développer.
De nouvelles maisons se fondent : les grainetiers Victor Dreux et Laboulet, la quincaillerie Cavillon puis la création de la laiterie coopérative beurrière en 1931.
La ville se développe jusqu’en juin 1940 où l’offensive allemande du Général Rommel détruit massivement la cité et sonne le glas de l’époque la plus prospère de la commune.

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